La Fondation Amanjaya s’engage pour 2014/2015

Nous avons tous dans la tête Robin Williams dans le rôle de Mr Keating, le professeur de lettres atypique du Cercle des Poètes Disparus. Quand nous nous engageons dans l’éducation, nous rêvons volontiers de ressembler à cet homme empathique qui passionne ses étudiants au point de bouleverser leur vie.

Dans la « vraie vie », pourtant, et en particulier dans les pays où intervient la Fondation Amanjaya, il n’est souvent pas besoin de professeur extraordinaire pour motiver les étudiants tant ceux-ci ont soif de savoir. Aux jeunes pensionnaires du foyer d’Enfants du Mékong à Sisophon, il est parfois nécessaire de prendre soin de leur santé contre leur gré, en coupant l’électricité la nuit pour les empêcher de veiller et étudier trop tard !

Nous n’y pensons pas assez tant cela nous est acquis, mais ces jeunes le savent bien : l’électricité c’est une richesse, c’est une partie de la chance qui leur est donnée d’étudier. Hors de ce foyer où ils sont accueillis, leurs camarades n’en disposent souvent pas. Le soir, ceux qui ont malgré tout le courage d’étudier y sacrifient leurs yeux en s’éclairant à la bougie.

D’autres facilités tellement présentes partout dans notre vie que nous les associons naturellement à des droits humains, éloignent plus sûrement par leur absence les enfants de l’école qu’un déficit de craies ou de cahiers : l’eau potable, les sanitaires… Dans certaines régions, la pudeur retient les filles d’aller à l’école parce qu’il n’y a pas de toilettes ; si cela n’arrête pas les garçons, on imagine dans quelles conditions d’hygiène ils étudient.

Ainsi, donner accès à l’éducation, ce n’est pas toujours – pas seulement – offrir des livres, des cahiers, des bourses aux élèves ou subvenir aux salaires des professeurs : c’est parfois beaucoup plus prosaïque, et nos associations partenaires sont là pour nous le rappeler. Cette année, parmi tous ses engagements, la Fondation Amanjaya apportera son soutien par exemple :
– à la construction d’une école à Ban Namkhong et de douches et sanitaires à l’école de Chang Vang au Laos, avec Enfants d’Asie ;
– à un dispositif de sécurité incendie – pompage, château d’eau – pour le campus à Phnom Penh de la nouvelle école de gestion et vente de Pour un Sourire d’Enfant.

Afin qu’ils puissent rêver d’un avenir meilleur, et y travailler avec acharnement, nos jeunes ont d’abord besoin de… bien vivre et bien dormir !

L’innovation pour l’accès à l’éducation

Il est frappant de constater à quel point le droit fondamental d’accès à l’éducation pour tous est une question qui se pose dans des termes très similaires dans de nombreux pays. Energie et capacité des gouvernements à combattre cette inégalité sont elles-mêmes bien inégales… Comme souvent, dans un monde d’une grande complexité, aux mutations de plus en plus rapides, les meilleures solutions pourraient ne pas venir d’en haut, mais d’initiatives plus locales, agiles et aux promoteurs les plus déterminés.

Une étude récente réalisée pour l’association « L’Ecole des Découvertes » des méthodes pédagogiques innovantes pour des jeunes se retrouvant hors des circuits classiques, a ainsi montré la richesse et la diversité des travaux et des expérimentations dans ce domaine. Les pistes les plus explorées s’articulent autour de la capacité à donner confiance, promouvoir l’autonomie, valoriser les compétences. L’importance grandissante et de plus en plus reconnue des « soft skills », du savoir-être, en complément du savoir-faire, amène à développer l’auto-apprentissage : on expérimente plutôt qu’on écoute, on se projette dans le futur et on favorise une simulation et une immersion progressive dans la société. On travaille plus naturellement en jouant (« serious game »), et en coopérant. Le lieu dans lequel ces apprentissages sont mis en œuvre est également très important car il permet d’ancrer une démarche pour des publics en manque de repères et de stabilité.
En ce qui concerne l’autonomie, l’étude fait la part belle aux MOOC (Massive Online Open Course – Cours gratuits en ligne) qui permettent d’apprendre à son rythme et d’approfondir certains sujets. Elle met aussi en avant les expériences réussies de classes inversées et d’autodidaxie où des jeunes apprennent à d’autres jeunes. Elle insiste sur la libre fréquentation de l’enseignement qui ne doit pas être vécu comme une contrainte mais qui, de par sa forme, entraîne une meilleure assiduité.
La valorisation des savoirs et compétences et leur concrétisation passent par des projets de difficulté progressive, des projets en groupe, la création de son propre MOOC ou groupe Facebook, la fabrication d’un objet, l’obtention de certifications ou la participation à des concours culturels comme sanction sociale positive, sans oublier des périodes en alternance.

Les expérimentations, souvent à petite échelle, de toutes ces pratiques pour des jeunes en difficulté existent au sein d’écoles, de projets, et ont un véritable impact. C’est ce type d’organisations, avec leur esprit innovant, leur recherche d’améliorations, leur capacité à se renouveler, au service de ces enfants défavorisés, qu’Amanjaya, grâce à vous, a à cœur de soutenir.

Quelle éducation ?

C’est une évidence, l’accès à l’éducation est un bien précieux. Mais quelle éducation ? Il semble légitime de nous interroger et d’orienter nos efforts en vue de faire porter le plus de fruits aux moyens qui nous sont confiés.
Un dictionnaire définit l’éducation comme l’art de former l’être humain, d’assurer son épanouissement physique et mental. Ambitieux programme !

Cette définition suggère de distinguer les termes «  »formation » » et «  »éducation » », auxquels on peut même trouver des objectifs apparemment antagonistes. Former, c’est donner une forme. Cela évoque le moule, la sculpture, d’où la pâte humaine ressort avec les qualités précises recherchées par le formateur: des savoirs, des compétences… On sait combien une telle préparation est nécessaire pour s’adapter à des règles sociales, et y endosser un rôle dont les limites et les attentes ont été définis par des siècles de culture. Cependant, l’adaptation à la société peut-elle être considérée comme l’unique finalité de l’homme? Certainement pas. Si l’on croit légitime l’aspiration de chacun au bonheur, il est probable que sa réalisation nécessite un environnement favorable et porteur. Et c’est pour cela qu’à côté, et au-delà de celui de formation, nous aimons tant le mot «  »éducation » ». La déclaration universelle des droits de l’homme évoque le droit de chacun à «  »prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent » ».

Autrement dit, à assurer son épanouissement physique et mental, objectif légitime de l’éducation comprise dans toute la plénitude et la noblesse du mot. A l’inverse de la formation qui uniformise, l’éducation est ce qui permet à chacun de s’épanouir dans toute la richesse de sa différence, richesse individuelle qui est l’essence de notre richesse collective, différence qui seule pourra fonder la contribution de l’individu à l’évolution de la société. Et la société d’aujourd’hui n’est elle pas plus que jamais en attente impérative de transformations ?

A la Fondation Amanjaya, nous croyons au sens et à la valeur de l’homme, et à la nécessité de son épanouissement pour chacun comme pour la collectivité. C’est pourquoi nous aimons tant le mot éducation. C’est pourquoi nous aimons soutenir des associations et des projets qui s’attachent, eux aussi, à développer la part humaine de l’homme. Cette nouvelle lettre vous présente deux associations soutenues par la Fondation Amanjaya et qui ont en commun de croire à l’importance de l’éducation et d’œuvrer chaque jour afin de redonner un cadre de vie meilleur et un environnement épanouissant à des enfants défavorisés et vulnérables : Share a Child Movement, aux Philippines et Our Home, au Cambodge.