La Fondation Amanjaya finance le lancement d’une formation en informatique et la scolarité de 25 premiers étudiants à Cébu

En 2008-2009, la fondation Amanjaya s’est engagée aux cotés de l’association Passerelles Numériques pour la création à Cébu, Philippines, d’une formation de techniciens informatiques destinée à des jeunes d’origine sociale défavorisée. Notre contribution de près de 70000 Euros couvre tous les frais de lancement du projet et sa première année de fonctionnement. Celui-ci a démarré comme prévu à la rentrée scolaire de mai 2009, avec une classe pilote de 25 étudiants.

Bohol, Negros, Cebu… des noms qui font rêver de plages blanches, de mer turquoise et de décors sous-marins féériques. Ces îles des Philippines sont bien un paradis pour les touristes fortunés. Mais une grande partie de la population locale, elle, pense d’abord à sa survie.

En camion-bus, puis en moto-taxi, nos amies de l’association Share a Child nous emmènent à Adlaon, un des « mountain barangays » de la ville de Cebu – districts citadins perdus dans de magnifique paysages de montagne. Nous y rencontrons un de ces « community watch groups » dont les membres s’entr’aident pour subsister, lutter contre la violence ou le trafic humain, et pour élever leurs enfants.
A l’aide d’une traductrice, car ici on parle plus le Cebuano que l’Anglais, ils nous racontent leurs peines, leurs joies et leurs espérances. Une maman résume celles-ci avec éloquence en répondant à notre dernière question : quel est votre rêve pour vos enfants ? « Pouvoir les envoyer au collège pour qu’ils sortent de la pauvreté ! »

Pour 25 familles de Cebu, Negros et Bohol, ce rêve est en train de se concrétiser. Sélectionnés sur leurs capacités et leur motivations parmi plus de cent candidats présentés par les associations Enfants du Mékong, Enfants d’Asie, Share a Child et JPIC / IDC, leurs enfants ont été admis dans la classe pilote de techniciens informatiques qui a démarré en mai 2009.

Pour tenir compte des conditions locales où l’enseignement primaire et secondaire ne dure que 10 années, cette formation se déroulera en trois ans dont un an et demi en alternance. Elle est le fruit d’un partenariat entre :

  • l’Université de San Carlos, la plus ancienne et l’une des plus prestigieuses universités d’Asie ; celle-ci a accepté de développer un programme spécifique de techniciens « Administrateurs Systèmes et Réseaux » très inspiré de celui du CIST à Phnom Penh, et qui répond à un besoin exprimé par les acteurs de l’économie locale ;
  • la société Accenture, dont le bureau de Cebu s’est immédiatement attaché au projet et a pris en charge toute la partie « connaissance de l’entreprise et vie professionnelle » de la formation ;
  • l’association Passerelles Numériques, qui coordonne l’ensemble, assure le soutien logistique et social des étudiants – logement, nourriture, santé – et complète leur formation par une véritable dimension éducative, autour de trois valeurs fondamentales : confiance, responsabilité et solidarité.


Tous ces partenaires sont engagés avec enthousiasme dans le projet.
Au département « Computer Engineering » de l’université de San Carlos, certains professeurs oublient l’heure de leur cours alors que la réunion de projet se prolonge, et la professeur de maths déboule dans le foyer le dimanche après-midi pour soutenir un peu plus nos étudiants.
Chez Accenture, les volontaires sont nombreux pour transmettre leur expérience aux jeunes, et les premiers conférenciers se déclarent étonnés de l’ouverture d’esprit et de la pertinence des questions posées.
Le bureau et foyer de Passerelles Numériques est très proche du campus où les étudiants vont à pied. Leur absence dans la journée laisse un peu de répit à l’équipe constituée de Marc, chef de projet, Pal, comptable et Rosalyn, assistante sociale. Mais dès le retour des jeunes dans l’après-midi chacun se retrouve engagé à fond dans le projet éducatif. Et il y a du pain sur la planche : nos étudiants n’ont que seize ans, ils apprennent vite mais ils aiment tout autant jouer, rire, et comme tous les philippinos, chanter et danser !

Leur vitalité est stimulante, tout autant que cette formule amicale qu’il est courant d’échanger aux Philippines:
More Power !

C’est tout ce que nous souhaitons à Passerelles Numériques et aux 25 étudiants pionniers de sa formation à Cebu.

Pourquoi « Amanjaya » ?

En Sanskrit, la langue sacrée de l’Inde, Amanjaya peut se traduire par « la victoire de la paix ». Comme l’a dit Mohammed Yunus en recevant le Prix Nobel, la pauvreté est une menace pour la paix. Lutter contre la pauvreté par l’éducation contribue à la paix dans le monde.

Les Technologies de l’Information, un secteur privilégié pour le développement

Les TIC représentent une opportunité de développement pour les populations défavorisées

Le développement spectaculaire de la Corée du Sud ou de l’Inde reposent sur deux facteurs clés: l’éducation et les infrastructures.
Le boom économique de l’Inde – ou plutôt de certaines régions de ce pays – est dû à la conjonction d’une masse critique de jeunes formés par des universités de haut niveau, et d’opportunités d’emploi offertes ou multipliées par les échanges internationaux.
Aujourd’hui ces opportunités se multiplient avec le recentrage des pays développés sur des métiers à plus forte valeur ajoutée. Mais en Inde en 2010, 130 millions de jeunes auront entre 18 et 23 ans. Hormis les quelques milliers de la classe moyenne qui pourront s’offrir l’université, combien auront accès à ces opportunités ?

Un secteur créateur d’emploi

Comme le met en évidence le rapport 2005 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (UNCTAD) :
« Il y a un immense fossé dans les technologies de l’information et des communications, une “fracture numérique”, entre les pays développés et ceux en voie de développement. Une personne d’un pays à hauts revenus a 22 fois plus de chances d’être utilisateur d’Internet que quelqu’un d’un pays à faibles revenus… ».

Or la généralisation de l’utilisation des TIC dans le monde en a fait un outil indispensable d’intégration économique, mais aussi une opportunité économique exceptionnelle pour les pays en développement, à double titre :
– Pour la croissance de l’économie locale, dans tous les secteurs ; dans le tourisme par exemple, qui est une ressource majeure de nombreux pays pauvres, l’UNCTAD met en évidence que « comprendre les opportunités offertes par les TIC est une priorité pour les organismes publics et privés » . Les consommateurs recherchent, choisissent et achètent sur internet, excluant tous les acteurs qui ne maîtrisent pas cet outil.
– Pour la possibilité d’offrir des services sur un marché élargi. La non-matérialité des biens créés et échangés sur Internet réduit considérablement les investissements et les frais de fonctionnement nécessaires. Au prix d’un investissement minime, les pays en développement peuvent proposer des services à haute intensité de main d’œuvre, délaissés par les pays plus développés : saisie, retouche d’images, etc. L’explosion des besoins et la désaffection des métiers techniques dans certains pays élargit encore l’éventail de ces opportunités. Dans le domaine des réseaux informatiques, les entreprises sont confrontées en 2008 à un déficit de personnes qualifiées qui se chiffre en dizaines de milliers.

Un secteur que l’on peut rendre accessible aux populations défavorisés

Le secteur des TIC bénéficie de deux particularités précieuses pour les populations défavorisées :
– Purement technique, il ne requiert pas pour être abordé une vaste culture générale comme les métiers d’avocat, de médecin, etc. Il s’appuie essentiellement sur une capacité d’apprentissage et de raisonnement largement partagées par toutes les couches de la société. Dans de nombreux pays un investissement de deux ans dans une formation professionnelle permettra d’atteindre un emploi stable et de participer au développement du pays.
– L’investissement nécessaire pour s’y lancer, s’il est élevé pour un particulier, reste exceptionnellement faible pour une entreprise : un ordinateur coûte 10 à 60 fois mois cher qu’une voiture.

L’essor des TIC est un formidable outil pour sortir, en masse et par l’éducation, des populations défavorisées de leur situation de pauvreté.